mercredi 21 mars 2007

Princesse Plume -Génération métrique

Madame Plume a engendré de ses reins féconds, il y a de cela dix-sept ans, Princesse Plume, alias Isabeau, en s'alliant les services de fécondation naturelle de Monsieur Marteau, ne voulant aller faire un retrait à la banque de sperme, malgré du fait qu'on y trouve de généreux donateurs ne chargeant aucun intérêt sur leur prêt à long terme.

Que non! Madame Plume a foi en la génétique, elle s'assure de mêler ses chromosomes X avec des XY de première qualité, et conseille à toutes femelles de bien choisir son mâle reproducteur avant de se lancer dans la grande aventure de la propagation de l'espèce.

Elle n'a jamais regretté d'avoir été aussi consciencieuse dans le choix du compagnon de route qu’il faut pour entreprendre ce long sentier qui est de faire de la mignonne blondinette aux yeux bleus, une femme accomplie, épanouie, autonome comme sa mère, l’autonomie en priorité pour que le jour où elle quittera le nid, elle ne revienne pas. Car Madame Plume veut que son budget «petits pots de crème pour femme » ne soit plus partagé en deux. Elle guette le calendrier patiemment, attend le 6 décembre 2007, journée officielle de sa majorité.

— Maman je ne peux être comme toi plus tard, toi tu es écrivaine, tu as le même amoureux depuis ton adolescence, et tu es une sainte!

Elle pleurait de découragement, car elle avait déjà dans son passé amoureux deux garçons à compter et voyant cette seconde relation terminée, celui qu’elle croyait être l’homme de sa vie, elle était affolée d’envisager la venue future d’un troisième.


Merdalor! -que je me suis dit-voilà que le fait d'être avec son père depuis l’Antiquité, la traumatise, j’aurais dû faire comme tout le monde, me séparer, garde partagée , elle ne sentirait pas autant de pression en idéalisant la vie amoureuse de son père et de sa mère.Je croyais lui avoir donné une vie de famille équilibrée!

Bon il faut qu’elle entende que sa mère n’est pas une sainte comme elle le proclame en reniflant.
Aux grands maux les grands moyens. Traitement-choc.

— Tu sais ma puce, je ne suis pas une sainte, je suis une femme avec une sexualité et…

— Ah! Non! Même si tu me disais que tu fais des fellations à papa, je sais que ce ne serait pas vrai, que tu dirais ça juste pour que je ne pense pas que tu es une sainte!

(Hésitation…Mon œil ne doit pas cligner.) Sur mon épaule droite Jimmy Criquet est perturbé, lui la voix de ma conscience, ne sait quoi me souffler, si je tente de plaider ma non-sainteté, je peux la traumatiser, tout le monde sait que s’imaginer nos parents en train de baiser est profondément collant à la pensée, on doit mettre la musique à fond pour ne plus imaginer la scène dans sa tête, je pourrais « scraper» sa sexualité pour toujours! Mais si elle a envie de se suicider parce qu’elle se sent finie à chaque rupture, et que le fait de rajouter un nom à sa liste d’amoureux fait, qu’elle se sent impure, une mauvaise fille, je dois corriger cela tout de suite.

Dilemme…Dilemme…Méthode Benjamin Franklin, faire deux colonnes avec les plus et les moins. Y’ a que des moins.

Je suis lâche, j’ai misé sur ma sainteté, n’expliquant pas à ma fille que sa mère est en fait une aventurière en puissance, qui se contrôle certes, mais qui peut flancher si les astres s’enlignent et qu’un parfum d’homme flotte dans l’air.

- Mais non, maman ne fait pas des choses comme cela à papa, voyons!
- Je le savais, tu es une sainte!

Le verdict était tombé.


Quelques jours plus tard, assis devant mon écran d’ordinateur, en pleine concentration sur le texte que j’écrivais, Princesse Plume vient vers moi.

-Maman…
-Quoiiiiiiiiii! Tu ne vois pas que je suis en train d’écrire mon livre. J’ai du boulot, un éditeur qui attend! Lorsqu’on me sort de ma bulle d’écriture, je ressemble au lion qui rugit , celui que l’on voit en intro des films de la Metro Goldwyn-Meyer.


- J’ai rencontré un nouveau gars, et en tchatchant avec lui la dernière fois il m’a dit qu’il avait un pénis de 18 centimètres, est-ce que c’est gros ça?
- Heu… Gloup! (Première fois qu’un lion a peur d’une gazelle.)
- C’est gros ou pas ?
- Attends… attends… Maman va enregistrer son fichier.Je ferme l'ordi. Et tu sais maman…elle fonctionne avec le vieux système, les pouces…Bon où est passée la règle encore? La calculatrice un pouce égal deux centimètres point cinq….
- C’est gros ou pas?
- Sa taille en métrique.(bizarre me semble qu'au Québec les gars se vantent en impérial, c'est plus «impérieusement impressionnnant») C’est un français ce gars?
- Oui…
- Ah bon! Il est en France. (Fiou!Et elle a pas de passeport.)
- Non, non. c’est un français qui vit ici, la même banlieue.
- Mouiiiii? (Ça se vend encore des ceintures de chasteté?) Écoute ma puce, tu peux féliciter ce garçon pour ses proportions anatomiques, mais tu dois te tenir loin de lui…En tout cas au moins à 18 centimètres de distance!



Je sais, je sais je vais devoir lui payer un psy plus tard. Communiquez! Qu’ils disaient.

Qu’est-ce que je vais faire avec Prince Plume, alias Rimbaud? Il n’a que treize ans, j’ai le temps…Et puis selon le décret officiel des liens parentaux, je crois que l’éducation sexuelle du fils sera faite par Monsieur Marteau.

Bon… je pourrai peut-être avoir un prix pour deux chez le psy, comme pour les lunettes chez Lunetterie Farrhat?


Thérapie Madame Plume

Conseil : Bien choisir son partenaire de procréation.
Philo : Acceptez votre occasionnelle incompétence parentale, de toute façon ils auront besoin d’un psy anyway, certains se font même soigner pour avoir été trop aimé!

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